MISSION HEAT
Case-Pilote en Martinique, le 18 septembre 2023
Tous les voyants sont au rouge alors que la température de l’eau bat des records. Nombreux sont les plongeurs qui ont alerté sur l’état de santé actuel de nos récifs coralliens en Martinique.
Le corail, qu’est-ce que c’est ?
Le corail est un animal, indispensable à la vie marine. Les récifs coralliens ne couvrent que 0,2 % de la surface des mers mais abritent plus de 25 % de la biodiversité marine mondiale, soit près de 60 000 espèces décrites à ce jour. Écosystèmes parmi les plus diversifiés de la planète, ils apportent de nombreux services à l’Homme puisqu’ils font vivre directement ou indirectement 500 millions de personnes, dont 40 millions de pêcheurs.
Un contexte de réchauffement global des océans
La NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique ) a lancé un programme de surveillance satellitaire (Coral Reef Watch) pour surveiller les variations de températures de l’eau et pouvoir prévenir les épisodes de blanchissement. On peut observer que toutes les côtes de la Grande Région Caraïbe sont en alerte maximale (Level 2) par rapport au risque de blanchissement :
Aux Petites Antilles, l’île de la Martinique est également en alerte. Il suffit de mettre la tête sous l’eau pour voir les conséquences de ce réchauffement : les coraux ont perdu leur couleur.
Le blanchissement corallien : qu’est-ce que c’est ?
Le blanchissement est une manifestation du stress par le corail qui expulse sa zooxanthelle, l’algue symbiotique dont il a besoin pour vivre et qui lui donne sa couleur. Ce phénomène est largement documenté depuis plusieurs années. Différents facteurs peuvent être sources de stress (les pollutions chimiques, l’acidification de l’océan, les filtres UV des crèmes solaires …) et l’irradiation solaire, souvent corrélée à l’augmentation de la température de l’eau, en est une. En Martinique, cette année 2023, de nombreuses alertes sont lancées par les plongeurs sur tous les sites proches des côtes (>20 m). Le corail ne peut pas survivre longtemps sans sa zooxanthelle, pas plus d’une dizaine de jours pour les coraux branchus (https://reefresilience.org/stressors/bleaching/bleaching-biology/)) .
Sur la Grande Caye de St. Luce située au sein de l’Aire Marine Concertée WALIWA, alors que les coraux ont pondu il y a deux mois, c’est un spectacle catastrophique que découvre l’équipe de L’Asso-Mer. Les coraux dans le milieu naturel et ceux de la nurserie d’Acropora cervicornis sont blanchis à plus de 50%.
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colonies blanchies
Comment L’Asso-Mer s’engage au quotidien pour les récifs coralliens ?
L’Asso-Mer assure depuis 2016 la mise en œuvre du projet Acropora qui consiste à conserver et restaurer un corail qui avait presque disparu en Martinique (Acropora cervicornis) tout en sensibilisant le plus grand nombre à sa protection. L’implantation de boutures d’Acropora cervicornis en côte caraïbe avait pour objectif de dynamiser les populations existantes et de lutter contre sa disparition définitive en augmentant son aire de répartition. L’autre but est d’évaluer les possibilités de conservation de l’espèce en comparant la diversité génétique des boutures à celles des populations naturellement présentes dans le récif.
L’objectif global du projet est d’arriver à faire comprendre l’importance de la réduction et de l’arrêt des dégradations directes des récifs coralliens comme la pollution liée aux problématiques d’assainissement, les problématiques d’ancrage, de surpêche ou encore de gros déchets en mer et engins de pêche perdus ou abandonnés. Conserver les récifs coralliens via de la restauration active comme L’Asso-Mer propose ne pourra avoir de sens et de finalité que si et seulement si, l’ensemble des acteurs à tous les niveaux en commençant par les politiques publiques, s’attèlent à la réduction des pressions qui s’exercent sur le milieu marin (conservation passive). Ces pressions fragilisent tout au long de l’année les coraux et les rendent ainsi beaucoup moins résilient face à des évènements climatiques extrêmes comme les canicules marines.
L’alerte maximale sonnée en septembre 2023 pour le blanchissement corallien menace encore aujourd’hui la survie des boutures et donc les objectifs de conservation et de sensibilisation visés par L’Asso-Mer. Limiter l’impact de l’irradiance solaire et de la hausse des températures marines sur les boutures fut donc notre priorité : L’Asso-Mer a ainsi déclenché fin septembre 2023 : le protocole HEAT.
Dans le cadre de ce protocole, nous avons procédé au déplacement d’une partie des boutures dans une zone plus profonde. À la suite de cette opération, un suivi participatif des boutures restées dans la zone initiale ainsi que des boutures déplacées aura lieu tout au long de l’épisode de blanchissement. Il s’agira alors d’évaluer la différence d’état de santé des boutures des zones profondes et moins profondes; mais aussi de tirer des leçons de canicule marine pour améliorer les protocoles de conservation corallienne dans la Caraïbe.
Vous aussi, participez aux suivis participatifs pour documenter l’occurrence des phénomènes de blanchissement et de leur importance dans le temps et géoréférencées !
Les informations que vous allez collecter permettront de renseigner l’ampleur du phénomène que la Martinique connait actuellement et dans les années à venir.
Ce programme participatif a été mis en place par la DEAL et L’ASSO-MER. En cas de problème sur les formulaires, vous pouvez contacter Pauline Bellenoue (DEAL) au 0596 59 59 51 ou au 0696 28 01 79.
Rejoignez ainsi l’effort Caribéen en renseignant vos observations sur le site de l’AGGRA (Atlantic and Gulf Rapid Reef Assessment) ! Pas de panique les formulaires sont en anglais, mais ils sont très faciles à renseigner ! Une notice est maintenant disponible ici pour vous aider dans vos signalements.
Deux possibilités selon votre niveau d’expertise et selon votre temps :
« BASIC SURVEY » – un formulaire de surveillance basique qui vous permet d’entrer des données de présence/absence sur les coraux affectés par le blanchissement par espèce de corail, des photos et des informations sur le site. Vous pouvez indiquer la méthode de surveillance utilisée, comme le plongeur itinérant, le bar drop, l’observation générale, etc.
« DETAILED SURVEY » – un formulaire plus détaillé vous permet de saisir des données quantitatives plus détaillées sur le nombre de colonies coralliennes affectées par le blanchissement du corail (entièrement blanchi, partiellement blanchi, pâle), la mortalité récente du corail, des photos et des informations sur le site. Vous pouvez indiquer la méthode utilisée (plongeur itinérant, bar drop, etc.).
L’Asso-Mer, en collaboration avec ses partenaires et bénévoles engagés, met tout en œuvre pour préserver et protéger les récifs depuis sa création. Grâce au programme HEAT, qui intègre le projet emblématique de L’Asso-Mer, le projet Acropora, nous œuvrons pour la conservation des récifs coralliens de la Caraïbe depuis 2016. Ce projet ne serait pas possible sans le soutien de nos financeurs, l’Office de l’Eau Martinique, la DEAL Martinique et depuis 2023 l’association Transat Jacques Vabre.
En tant que bénévoles, vous pouvez participer à la collecte de données précieuses pour mieux comprendre la biodiversité marine locale. En devenant adhérent et bénévole actif, vous pourrez également participer aux suivis pour la surveillance des récifs coralliens de Martinique. Les plongeurs et plongeuses professionnelles (CAH 1/2/B) peuvent, quant à eux, apporter leur soutien indispensable au projet de conservation de L’Asso-Mer. Rejoignez-nous dès maintenant pour préserver nos précieux récifs et contribuer à la préservation de l’écosystème marin.
Collecter de la donnée
En tant que bénévoles et engagés pour la mer, vous participez à la collecte de données précieuses pour mieux comprendre la biodiversité marine locale !
Surveiller
En devenant adhérant et bénévole actif, vous pourrez participer aux suivis une fois formés que nous déployons pour la surveillance des récifs coralliens de Martinique.
Protéger
Plongeur et plongeuses professionnelles (CAH 1/2/B), prêtez main forte aux projets de L’Asso-Mer